Selon une étude menée par le moteur de recherche d’emploi – Indeed, le tutoiement est de plus en plus utilisé dans les offres d’emploi.
Annonces attractives inspirant la convivialité ou risque de dissuasion et de faux-semblant ? Que penser de cette nouvelle tendance ? Voici quelques éléments de réponse…
Bien que le tutoiement reste minoritaire, les chiffres parlent d’eux-mêmes : le nombre d’offres utilisant le « tu » a doublé en 3 ans. Aujourd’hui, près de 3,2% des annonces tutoient les candidats et, d’après l’étude, celles-ci génèrent plus de clics que les autres.
La situation reste très variable selon les métiers. « Dans le marketing, les médias et la communication, le tutoiement est utilisé dans plus de 10 % des offres et dans près de 9 % pour les métiers « tech » du développement informatique. À l’inverse, moins de 1 % des offres dans la santé, les mathématiques et les statistiques sont concernées. »
Attirer les jeunes candidats, rendre l’environnement de travail plus convivial, donner une image « cool » à l’entreprise, atténuer le rapport de force entre le candidat et le recruteur, rompre avec les codes formels du recrutement, se différencier des concurrents dans la course aux talents… plusieurs raisons peuvent expliquer et justifier cette nouvelle tendance.
Néanmoins, Alexandre JUDES (économiste au sein du Hiring Lab d’Indeed) évoque le risque de dissuader les candidats seniors, qui se sentent moins à l’aise dans un contexte de tutoiement. Il explique : « à l’heure où le gouvernement souhaite repousser l’âge légal de départ à la retraite, les entreprises doivent se préparer à mieux intégrer les seniors. Les offres d’emploi utilisant le tutoiement n’envoient donc pas vraiment le bon signal. » En effet, le taux d’emploi des seniors est déjà faible en France comparé à celui d’autres pays européens : seulement 56 % des 55-64 ans sont en emploi en 2021 selon la Dares.
Si le tutoiement est utilisé dès l’offre d’emploi, il faut que celui-ci corresponde réellement à l’employeur et qu’il soit déjà intégré dans la culture de l’entreprise. Certaines utilisations du « tu » ressemblent plus à des tentatives maladroites de la part de recruteurs, qui pensent ainsi mieux correspondre aux codes et au mode de vie des candidats. Mais ces tutoiements sonnent faux…
Par ailleurs, tutoyer sans l’assentiment des candidats peut apporter un sentiment d’infériorisation. C’est d’ailleurs une pratique que les moins de 24 ans apprécient peu.
Tutoyer peut permettre d’instaurer un climat de confiance avec certains candidats, mais peut également casser le lien avec d’autres candidats. « Chez Seyos, nous utilisons majoritairement le vouvoiement dans nos offres d’emploi pour que l’ensemble des candidats puissent se sentir concernés…. mais le recruteur doit avant tout s’adapter à ses clients et surtout aux candidats ! L’adaptation, c’est le secret du recrutement. » explique Brice AUBERT, co-fondateur de Seyos et Responsable du Pôle recrutement).
« L’adaptation, c’est le secret du recrutement. »
Brice AUBERT (Co-fondateur de Seyos et Responsable du Pôle Recrutement)